Une nouvelle vision du microbiote
Lorsque j’ai fait mes études à l’université, voilà 25 ans, on parlait très peu du microbiote. Le microbiote était connu bien sûr, mais on le voyait surtout comme une population de bactéries dans le gros intestin qui empêchait que des bactéries pathogènes s’installent.
Ce qui fait que si je mange des aliments contenant des bactéries, et que certaines de ces bactéries passent la barrière acide de l’estomac, en arrivant dans mon gros intestin, elles n’arrivent pas à s’installer, à se développer parce que la place est déjà prise par d’autres bactéries. Mais on n’avait pas vraiment d’idée d’autres fonctions que cette première barrière de défense.
Pas une flore mais des flores
Bien entendu, cette qualité de première barrière de défense continue à persister, mais on sait maintenant que la flore intestinale a beaucoup d’autres fonctions. Elle est vraiment extrêmement importante pour l’ensemble de notre santé.
D’ailleurs, on ne parle plus simplement de flore intestinale, mais de flore au niveau digestif, et aussi on retrouve de la flore dans le vagin chez la femme, et puis en plus petite partie au niveau de la vessie.
Toutes ces flores sont importantes au niveau de notre santé, même si certaines sont un peu plus importantes que d’autres.
Des bonnes et des mauvaises bactéries
Pendant longtemps, on a vraiment pensé qu’au niveau de notre flore, il y avait une forme d’affrontement entre des bonnes bactéries, des bactéries qui étaient bonnes pour notre santé, et des mauvaises bactéries qui étaient mauvaises pour notre santé, avec au milieu, certaines bactéries neutres.
Je parle de bactéries, mais bien sûr, ça peut être d’autres organismes comme des champignons, des parasites, etc.
Donc, il y avait cette lutte entre ces bonnes bactéries, ces bons organismes et ces mauvaises bactéries. Forcément, pour être en bonne santé, il fallait favoriser les bonnes bactéries contre les mauvaises bactéries.
Est alors venu à la mode l’usage des probiotiques. Il s’agit de bactéries vivantes qu’on va prendre généralement en avalant, et puis on s’arrange pour que ça passe de la barrière de l’estomac, afin que ces bactéries ne soient pas détruites par l’acidité de l’estomac, par exemple dans une capsule gastro-résistante, ou en les prenant avec beaucoup d’eau en étant à jeun.
Ces bactéries arrivent dans notre gros intestin et vont le coloniser. Donc l’idée c’est d’amener des bonnes bactéries pour renforcer ces populations par rapport aux mauvaises bactéries.
Pour que ça fonctionne, il faut généralement priver de nourriture ces mauvaises bactéries, par exemple en évitant de manger ce qu’elles adorent, comme le sucre, ou parfois des protéines, ou les aliments transformés.
Une vision tronquée
Depuis quelques années, on remarque que la réalité est beaucoup plus compliquée que cela. En effet, il ne s’agit pas vraiment d’avoir des bonnes ou des mauvaises bactéries, mais plutôt d’avoir un équilibre. Certaines bonnes bactéries peuvent se montrer très mauvaises si on en a vraiment beaucoup trop.
A l’inverse, certaines bactéries vues comme mauvaises sont quand même très importantes dans le mécanisme de notre digestion ou de notre immunité. Donc, on n’est plus dans une guerre où il faut absolument renforcer les bonnes bactéries contre les mauvaises bactéries, mais surtout retrouver un équilibre.
Il est important de déterminer quelles souches de bactéries nous avons, et quel est l’équilibre on a besoin au niveau de notre corps. Pour cela, il faut souvent analyser sa flore, par exemple en faisant un Floriscan, pour savoir où on en est au niveau des équilibres de notre flore intestinale. On peut le faire aussi en analysant les gaz que l’on expire.
Ainsi, quand on sait quels sont les équilibres au niveau de notre flore, on peut décider de travailler de façon beaucoup plus spécifique sur telle ou telle population de bactéries.
Des bactéries là où il ne devrait pas y en avoir
Un autre problème est que nous avons parfois des bactéries là où nous ne devrions pas y en avoir. C’est en particulier le cas au niveau de l’intestin grêle.
En effet, certaines bactéries qui sont dans notre gros intestin peuvent remonter le long de notre intestin grêle. C’est ce qu’on appelle le SIBO pour Small Intestine Bacterial Overgrowth.
Il s’agit de bactéries qui remontent dans l’intestin grêle et vont souvent causer de la fermentation, des gaz, des inflammations. Elles peuvent amener pas mal de problèmes de santé.
Donc si quelqu’un souffre de SIBO et que je lui donne des probiotiques, je ne fais que rajouter des bactéries dans les bactéries qu’il a déjà en trop. Parce que les bactéries qu’on trouve dans l’intestin grêle, à ce moment-là, ne sont pas forcément pathogènes. Ça peut être des bonnes bactéries, enfin celles qui sont considérées comme des bonnes bactéries, qui sont là en trop grand nombre et remontent dans notre intestin grêle. Ce ne sont pas forcément des mauvaises bactéries, des bactéries vues comme particulièrement néfastes.
C’est pour ça qu’il est vraiment important aussi de savoir est-ce que je n’ai pas trop de bactéries dans mon intestin grêle, par exemple, ou alors ailleurs.
La même chose au niveau d’autres organes. Il est logique d’avoir des bactéries dans l’estomac ou la bouche, mais pas trop. Il est vraiment nécessaire de trouver un équilibre.
Une seule et unique grande flore
De plus en plus de chercheurs considèrent maintenant la flore comme un grand organisme, un tout. Ils n’organisent plus les bactéries séparément les unes des autres, avec lesquelles il faut renforcer par rapport à d’autres, mais vraiment comme un organisme global, toutes les flores de notre corps, vraiment un ensemble qui doit être équilibré pour avoir la santé.
Bien sûr, cet équilibre dépend avant tout de notre alimentation, mais également des différents médicaments ou des différentes toxines qu’on a pu prendre.
Aussi, on n’est pas tous égaux au niveau de la flore. Par exemple, en fonction de la flore de nos parents, en fonction de ce qui s’est passé dans nos premières années de vie, on peut avoir un dérèglement important de la flore.
En outre, les personnes ne sont pas égales au niveau de leur flore sans qu’on en sache la raison. Il y a des personnes qui ont beaucoup de bonnes bactéries, de bactéries extrêmement importantes pour leur santé, alors qu’on ne retrouve pas chez d’autres. Et souvent, ces autres personnes, même si on leur en donne, ces bactéries ne vont pas s’implanter chez elles. Elles vont rester un petit moment et puis disparaître sans qu’on ne sache pourquoi.
Des recherches à venir
Le domaine de la flore intestinale n’en est qu’au début des découvertes. Il y a vraiment de plus en plus de recherches qui sont faites sur le sujet, et certainement encore énormément de choses à découvrir.
On est bien loin du moment où on pensait que la flore était juste une barrière immunitaire. On sait maintenant qu’elle impacte vraiment toute notre vie de façon extrêmement importante. C’est sans doute un des aspects qui va le plus modifier la médecine dans les années à venir.
Nous avons à l’IFMV une formatrice qui est vraiment spécialisée dans le travail sur la flore et qui suit toutes les dernières découvertes, les dernières formations sur le sujet afin de pouvoir apporter à nos apprenants les connaissances dont ils vont avoir besoin pour travailler de façon de plus en plus efficace et de plus en plus précise avec leurs clients.
Si vous êtes intéressé à en savoir plus, vous pouvez consulter la page de notre formation en nutrithérapie.